Et si l’école ne rendait plus les élèves créatifs ?

La philosophie comme une solution

Nous célébrons la semaine de la Francophonie avec le thème « Créativité et Jeunesse ». Je suis donc heureux de vous présenter un exposé sur ce thème.

Avant de commencer, il nous faut construire un pont entre les deux concepts pour que nous puissions déterminer leurs définitions et faire une relation entre eux—dans cet exposé le pont s’appelle « Education ». L’éducation ici veut dire celle qui prend lieu au sein de l’école—il s’agit surtout de l’enseignement et de l’apprentissage. C’est pourquoi on définit la créativité comme la capacité d’imagination ou d’invention. La jeunesse, dit le dictionnaire Larousse, signifie la période de la vie humaine comprise entre l'enfance et l'âge mûr. Alors, dans le contexte de l’éducation, les jeunes sont les élèves de l’école maternelle au lycée.

Le (seul) paysage ?
Après avoir les définitions, je voudrais vous poser une question : « L’école rend-elle les élèves plus créatifs ? » Quand vous, mes amis indonésiens, étiez jeunes et le professeur vous a demandés de dessiner un paysage, avez-vous dessiné deux montagnes avec le soleil entre elles et une rue traversant un village dans lequel se trouvaient une maison et une rizière—comme ceci ? Pourquoi avons-nous la même image dans la tête quand il s’agit de paysage, comme s’il n’y avait pas d’autres perspectives ? Est-ce que nous n’avons pas envie de l’imagination chez le narrateur du « Petit Prince », qui dessinait dans son enfance un serpent boa qui digérait un éléphant, tandis que les
adultes le confondaient avec un chapeau ?

Un serpent boa digérant
un éléphant.
Alors, est-ce que nous ne sommes pas du tout faits pour être créatifs ?

En fait, il est impossible que les êtres humains perdent toute la créativité, parce qu’elle est une faculté innée. Cependant, elle exige en même temps une certaine éducation de peur qu’elle ne s’arrête de se développer. Malheureusement, le système éducatif national nous empêche très souvent de penser de manière créative. Je vous adresse trois problèmes qui existent dans beaucoup d’écoles.

D’abord, l’école nous dit qu’il n’y a qu’une seule réponse à chaque question. Inspiré par l’auteur de « Rich Dad Poor Dad », Robert Kiyosaki, je vous donne un exemple : Si un garçon doit choisir ce qui est plus profitable : acheter une bouteille de sauce coûtant Rp 10.000 (dix milles roupies) ou trois bouteilles qui coûtent Rp 25.000 (vingt-cinq milles roupies), il faut qu’il prenne le second. Il ne s’agit pas de penser aux autres variables telles que le taux de consommation de sa famille ou combien d’argent qu’il possède à ce moment-là.

En outre, ce qui se passe dans la conversation entre le professeur et les élèves, ce n’est qu’un jeu de cache-cache, c’est-à-dire les élèves donnent seulement les réponses que veut entendre le professeur. S’ils peuvent deviner ce qu’il pense, la classe se déroulera bien. Par conséquent, aucune des réponses créatives—c’est-à-dire en dehors du manuel—ne mérite une discussion plus approfondie dans la classe. Cela ne perd que le temps consacré à la leçon du jour.

Enfin, l’école impose trop de mémorisation aux élèves, particulièrement quelques mois avant les examens nationaux (UN). Par exemple, les élèves en sciences naturelles sont obligés de mémoriser presque toutes les formules mathématiques, physiques et chimiques, sans avoir besoin d’étudier le déroulement logique sur lequel elles se basent.

Ces problèmes sont les causes du manque de créativité chez élèves. Si on ne trouve pas de solutions, l’école produira les jeunes qui ne sont pas capables de créer des innovations et de participer au commerce international. Etant donné la concurrence mondiale d’aujourd’hui, l’avenir d’un pays est fortement tributaire des ressources humaines créatives.

Je vous propose donc la philosophie comme une stratégie pédagogique. Pourquoi faut-il la philosophie ? Parce qu’elle d’abord permettra aux élèves de construire des pensées autonomes. Cela veut dire que la pensée provient de chaque personne ; elle ne suit toujours ni l’autorité ni la convention. On apprend donc à produire des idées créatives sans être un conformiste. Cette attitude est montrée par la petite Sophie dans le roman « Le Monde de Sophie ». Inspirée par le philosophe mystérieux Alberto Knox, Sophie rédigeait un essai sur la connaissance religieuse qui, selon le professeur, démontrait un niveau supérieur de maturité.

En plus de l’autonomie, la philosophie stimule la capacité de critique intelligente, celle qui est indispensable pour être créatif. Dans ce cas je m’inspire de la France, où l’enseignement de la philosophie est obligatoire dans tous les lycées. Et pourtant, au lieu d’enseigner seulement l’histoire de la philosophie, la France apprend aux lycéens à réfléchir de manière philosophique sur des phénomènes.

Je crois que si la philosophie est enseignée dans toutes les écoles, les jeunes seront plus créatifs et capables de créer une meilleure Indonésie.

Ce texte a été présenté au concours d'éloquence à l'Universitas Negeri Jakarta en mars 2012.

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